Sans aller à l’école, je suis devenu mangaka

Article paru dans Les Plumes n° 34

Ce manga commence par un traumatisme : Masatomo, petit garçon japonais de 7 ans subit la violence d’une institutrice mal dans sa peau. Cette expérience va briser quelque chose en lui, et l’envie d’apprendre va céder la place à une phobie scolaire qui va durer des années. Des années pendant lesquelles ses parents, abasourdis et impuissants, vont chercher à lui redonner l’envie d’aller à l’école. Masatomo verra tour à tour un psychiatre, des étudiants chargés de l’instruire, des enseignants, des spécialistes de la déscolarisation. Si toutes ces personnes lui apprendront quelque chose de la vie, aucune ne réussira vraiment à combattre l’angoisse qui l’étreint lorsqu’il se trouve dans un environnement de type scolaire. Masatomo est un petit garçon passionné de manga qui met à profit sa solitude pour améliorer ses compétences en dessin et s’entraîner à dessiner ses propres mangas. C’est grâce à cette passion et à sa rencontre avec un mangaka renommé qu’il parviendra, à l’adolescence, à reprendre une scolarité suivie en école professionnalisante. À la fin du manga, on découvre un jeune actif épanoui qui vit de son art.
On aime : ce petit garçon attachant qui vit une situation de violence ordinaire et qui bascule dans l’angoisse de l’école. Les enfants atteints de phobie scolaire sont plusieurs milliers en France et se retrouveront dans les diverses situations auxquelles est confronté le héros lors de ses tentatives de retour en classe (harcèlement, isolement, moqueries…). On apprécie aussi les parents perdus mais bienveillants qui offrent à l’enfant une bulle de protection et les intervenants qui lui apportent chacun une vision de la vie.
On aime moins : le fait que la déscolarisation soit ici subie et non choisie. Le message d’une situation anormale à laquelle il faut remédier persiste pendant toute la durée du livre, que ce soit via l’attitude inquiète des parents ou via les tentatives multiples de retour en classe en vue de retrouver une normalité. En tant que parent instruisant son enfant, je trouve qu’il manque l’allusion au bonheur d’apprendre seul selon ses choix et une image plus positive de l’instruction à domicile.
Avis : c’est un manga facile d’accès, y compris pour les enfants dès 9 ans. L’histoire, racontée du point de vue de l’enfant et centrée sur ses ressentis, est claire, facile à comprendre et se lit très bien.

Marilyne Valcke

Sans aller à l’école, je suis devenu mangaka, de Syoichi Tanazono (Akata, 2016)